VERDE
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“ De toutes les couleurs, il se pourrait que le vert fût la plus mystérieuse en même temps que la plus apaisante. Peut-être accorde-t-elle dans ses profondeurs le jour et la nuit ?
Sous le nom de verdure, elle dit le végétal : tous herbages, tous feuillages.
C’est-à-dire aussi, pour nous :ombrages, fraîcheur, asile d’un instant.”
Vert et blanc: couleurs hereuses entre toutes les couleurs, mais plus proches de la nature que les autres, couleurs champetres, feminines, profondes, fraiches et pures, couleurs moins sourdes que reserves, couleurs qui semblent plutot paisibles, rassurantes…
Philippe Jaccottet
1925 - 2021
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ÉLOGE DE L'ORANGER
Sommes-nous, dit-il, en Provence ?
Sommes-nous, dit-il, en Provence ?
Quel amas d'arbres toujours verts
Triomphe ici de l'inclémence
Des aquilons et des hivers ?
Jasmins dont un air doux s'exhale,
Fleurs que les vents n'ont pu ternir,
Aminte en blancheur vous égale,
Et vous m'en faites souvenir.
Orangers, arbres que j'adore,
Que vos parfums me semblent doux !
Est-il dans l'empire de Flore
Rien d'agréable comme vous ?
Vos fruits aux écorces solides
Sont un véritable trésor ;
Et le jardin des Hespérides
N'avait point d'autres pommes d'or.
Lorsque votre automne s'avance,
On voit encor votre PRINTEMPS ;
L'espoir avec la jouissance
Logent chez vous en même temps.
Vos fleurs ont embaumé tout l'air que je respire :
Toujours un aimable zéphyre
Autour de vous se va jouant.
Vous êtes nains ; mais tel arbre géant,
Qui déclare au soleil la guerre,
Ne vous vaut pas,
Bien qu'il couvre un arpent de terre
Avec ses bras.
Recueil : Les Amours de Psyché
Jean de La Fontaine
1621-1695
En l'ombre d'ung buissonnet
Josquin Desprez
1450-1521
Enivrez-vous
Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
Charles Baudelaire
1821 - 1867
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Et ce verger-ci, mi parti de vert et de blanc,
c’est le blason des noces rustiques et des fêtes de PRINTEMPS,
une musique de chalumeaux et des petits tambours
encore assourdis pas un reste de brume.
Philippe Jaccottet
1925 - 2021
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