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LA MESURE

Foto del escritor: デイジーデイジー

Tout objet aimé est le centre d'un paradis


Novalis

1772 - 1801


… d’abord il n’est pas question de se servir d’une autre espèce de café que du Corcellet. Et il fallait en plus aller le chercher là où on le torréfiait dans une boutique du XVIIIème, rue de Lévis, pour être bien sûr qu’il soit frais et bon, avec tout son arôme. Ensuite, il y avait le filtre, qui était aussi un filtre Corcellet, et il n’était pas non plus question d’en changer, même le petit plateau était Corcellet. On bourrait le filtre de café moulu très fin, et pour obtenir l’essence que voulait M. Proust, l’eau devait passer lentement, longtemps, goutte à goutte, pendant qu’on maintenait le tour au bain marie, naturellement. Et il fallait la mesurer pour que cela donne deux tasses, juste le contenu de la petite cafetière en argent, de façon qu’il y en ait un peu en réserve.



L'enchantement, ce n'était pas seulement les nuits. Cela commençait dès qu'il était vraiment réveillé, après qu’il avait bu son café. Il sortait peu à peu de son repos pour se remettre à la vie.


Au premier coup de sonnette, en même temps que le café, le croissant et le lait, je lui apportais son courrier sur le petit plateau en argent de l’entrée, cela faisait partie des rites. Il ne l'examinait pas avant d’avoir fini son repas. Quand il le prenait, c'était avec des gestes très drôles et d’une grande délicatesse, presque au bout des doigts, comme tous les objets qu’il touchait, et en scrutant l’enveloppe ou l'écriture de feuillet pour essayer de deviner de qui cela venait. Il l’ouvrait lui-même, toujours, sans coupe-papier ni rien, en déchirant le bord.


Céleste Albaret

sur

Monsieur Proust



“Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir”




Et comme dans ce jeu où les Japonais s'amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s'étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé.


Du côté de chez Swann,

Marcel Proust

1871 - 1922


Vincent d'Indy Menuet sur le nom de Haydn


“Le plaisir de l’habitude est souvent plus doux encore que celui de la nouveauté.”


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